Na crónica de Robert Solé os leitores do Le Monde voltam a manifestar opiniões muito diferentes sobre a reestruturação do jornal recentemente ocorrida. E um dos assuntos chave continua a ser a inclusão de imagens e o novo papel que estas desempenham no jornal.
Eis um excerto da crónica de Robert Solé, "Les photos pour le dire", crónica de 24-12:
"Oui, Le Monde a changé, écrit Catherine Desbuquois (Paris). Il offre de grandes photos en couleurs, de grands graphiques en couleurs... Encore un effort, et Le Monde sera un journal comme les autres !" Marianne Elzière, de Juelsminde (Danemark), attend "des informations, des réflexions, pas des illustrations tapageuses de l'actualité", tandis que Michel Debar, de Wépion (Belgique), a parfois "l'impression d'acheter du vide."
Eric Fottorino, maître d'œuvre de la nouvelle formule, avait expliqué dans le numéro du 8 novembre : " Le Monde n'est plus seulement un journal de mots. Il s'ouvre de façon claire à la photo et aux infographies pour apporter aux lecteurs, en plus du traditionnel dessin de presse, une vision plus riche et pertinente de l'actualité."
La couleur a été privilégiée : un couplage des rotatives, à l'imprimerie du Monde, a permis d'augmenter le nombre des pages en quadrichromie. Le journal, qui, jusqu'ici, puisait essentiellement dans les photos d'agence, fait de plus en plus appel à des photographes pour accompagner des reporters sur le terrain.
"En une vingtaine d'années, Le Monde est passé d'un intégrisme anti-photographies à leur omniprésence aujourd'hui", constate avec regret un lecteur du Pornic (Loire-Atlantique), Teodoro Gilabert. En réalité, depuis le 7 novembre, ce n'est pas le nombre des photos qui a augmenté, mais leur taille. On a abandonné la multitude de vignettes, qui servaient trop souvent de bouche-trous, pour des images beaucoup plus imposantes.
"Quand la fonction illustrative des photos prend le pas sur leur fonction informative, elles ne servent plus le texte, elles l'encombrent et parfois le polluent", souligne François Mangenot (Strasbourg). C'est aussi le sens du courriel de Michel Bouvier : "Pour être plus lisible, je ne pense pas qu'il faille augmenter démesurément la taille des titres, des photos et des dessins. Est-il utile d'avoir sous les yeux des gélules géantes pour comprendre l'article sur le Tamiflu ? A un certain moment, on devient tellement lisible qu'il n'y a plus grand-chose à lire."
Dans un univers où les images abondent, Le Monde pouvait-il les ignorer ? Devait-il tout miser sur le texte pour affirmer sa différence ? Certains lecteurs, comme Emile Arié (Paris), en sont convaincus : "Ce ne sont évidemment pas des photos en couleurs que l'on vient chercher dans un "journal de référence", qui a pour vocation de ne traiter chaque jour que de ce qui est jugé essentiel."
Un autre choix a été fait : essayer d'être en phase avec la société, sans pour autant se banaliser. Laurent Abadjian, directeur de la photo à Télérama après l'avoir été à Libération, est venu prêter main-forte à l'équipe du Monde. C'est un regard de journaliste et non de décorateur qu'il porte sur l'actualité. "Une photo trop petite, explique-t-il, ne permet pas une lecture assez sophistiquée. En particulier dans le domaine politique, le plus difficile de tous, où les acteurs cherchent à contrôler leur image. Nous n'avons pas seulement à les montrer en action, mais à montrer comment ils se mettent en scène. Au congrès socialiste du Mans, notre photographe a saisi, à 3 heures du matin, un aparté frappant entre Hollande, Montebourg et Peillon. Une manière de montrer les coulisses, sans porter atteinte à la vie privée ou déshumaniser les personnes."
Dire aussi l'actualité avec des images est, pour la rédaction du Monde, un grand changement. Une nouvelle "écriture" se cherche. Cela suppose de choisir et de cadrer chaque photo avec le même soin et la même exigence que pour rédiger des articles. Une nouvelle "écriture "se cherche, qui ne supporte ni l'emphase ni les mots creux.