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quarta-feira, março 16, 2005
Les bénévoles sont-ils des poires?
LE MONDE | 14.03.05 | 15h11
C'est un beau mot, "bénévole". Un mot qui sent l'innocence, le frais, le
pur. Les deux premières syllabes lui offrent un socle. "Béné", c'est du
solide qui vient du latin bene ("bien"). Après, c'est du velours, de la gaze. Ce "vole", de volo ("je veux"), c'est du sublime, de l'impalpable, de l'inappréciable. Deux syllabes d'azur, des bulles d'air.
Etre bénévole, c'est admirable. On songe aussitôt aux secouristes de la
Croix-Rouge, aux Petits Frères des pauvres acheminant emplettes et colis
aux oubliés, à tous les bénévoles anonymes, ou encore à ces choristes
dévoués dont les chants en canons viennent réchauffer les longues soirées d'hiver. Bénévolat tout cela, bénévolat pur et dur, bénévolat ordinaire et
pourtant extraordinaire.
Prenons les Petits Chanteurs de Saint-Marc, à Lyon. Oui, les "voix" des Choristes, le film de Christophe Barratier. Des bénévoles, bien sûr. Des bénévoles bienheureux. Des bénévoles sublimes. Des bénévoles qui planent. Des bénévoles enchantés.
Voilà plus d'un an que nous vibrons au son de leurs voix cristallines. La
France entière est devenue un choeur, chaque Français fait partie de la
chorale. Qui n'a pas vu Les Choristes ou n'a pas l'impression de l'avoir
vu ? Le succès est immense : plus de neuf millions d'entrées en France. Un bingo gargantuesque, sans compter la vente annoncée d'un million de DVD et d'un million et demi de CD. Et cela continue.
On imagine les recettes d'une telle réussite. La société de production a
versé à la chorale la somme forfaitaire de 20 000 euros destinés à
dédommager l'association pour trois jours d'enregistrement. L'attachée de
presse du film précise que 1 % des royalties du CD sera octroyé, ce qui
représentera une somme d'environ 150 000 à 200 000 euros. Fermez le ban!
Les Petits Chanteurs de Saint-Marc sont contents. Leurs familles sont
contentes. Le chef de coeur est content. Les responsables sont contents.
Tout le monde est content jusqu'à la semaine dernière, lorsque le père
d'une choriste rompt le bel unanimisme. Contrairement aux autres familles,
il proteste contre les cadences infernales que l'on a imposées aux enfants
depuis la sortie du film (concerts, enregistrements, émissions de radio et
de télévision, déplacements) et menace de déposer plainte si sa fille ne
reçoit pas une "part légitime" des bénéfices.
Aussitôt, les attaché(e)s de presse entrent en action, les producteurs
s'offusquent, les avocats virevoltent. Tous se révèlent de redoutables
juristes capables de vous expliquer, textes à l'appui, que chaque
convention signée a été et sera scrupuleusement respectée. Les voilà
déployant habilement leurs arguments et leurs arguties, experts en
explications de textes et de lois, en démonstrations juridiques et
contractuelles. Ils rejettent la requête du père de famille comme une
incongruité, une grossièreté proférée dans un salon.
Cela rappelle bien sûr la mésaventure de Georges Lopez, l'instituteur du
documentaire Etre et avoir, qui s'était vu refuser toute gratification exceptionnelle après sa tournée de promotion et le succès du film en salles. L'affaire s'envenima.
Il y eut procès et débâcle judiciaire pour l'instituteur, mal armé pour
combattre sur le terrain du droit.Un geste aurait sans doute, certainement, suffi pour éviter ce pugilat judiciaire. Que demandait l'instituteur sinon une forme d'élégance, la juste appréciation d'un apport, la reconnaissance d'une prestation exceptionnelle ? Entre gentlemen. Mais la maison de production et le réalisateur avaient parié sur le droit, tandis que le malheureux se croyait sûr de son bon droit. La lutte était trop inégale.
Idem avec les choristes. Un père peut bien demander une "part légitime", réclamer, exiger, tempêter. On préfère l'ignorer. Comme si la géographie
sociale devait rester immuable, avec classes et frontières étanches : d'un
côté, les professionnels de la profession, les bénéficiaires béats ; de
l'autre, les amateurs, les candides et les modestes. Comme si le monde du divertissement et celui du patronage ne s'étaient pas rencontrés. Comme si l'un n'avait pas nourri l'autre.
On croyait ce fossé-là aboli. On le pensait comblé depuis le large
effondrement du mur entre amateurs et professionnels chez les sportifs.
C'est une erreur : les pros se satisfont parfaitement de l'existence de
bénévoles retranchés de tous les avantages et profits de la vie
matérielle. Ils ne voient aucun inconvénient à engranger tous les
bénéfices et à laisser aux âmes simples les miettes d'une menue notoriété.
Que les humbles qui apprécient l'apostolat soient sanctifiés...
Le plus paradoxal, dans cette histoire, reste le renversement des
positions. Alors que les producteurs s'inquiètent légitimement de
l'érosion de leurs royalties en raison des multiples piratages dont les
?uvres (CD, DVD) font l'objet, certains n'hésitent pas à pomper tout ce
qu'ils peuvent du travail de bénévoles réunis par le seul plaisir de
partager ensemble leur passion. Confrontés au choc de la revendication
tous azimuts du gratuit (sur le livre, la presse, les films, la musique),
ils ne perçoivent aucune contradiction à piocher largement dans le travail
offert généreusement par d'autres.
C'est un beau mot, bénévole. Encore ne faudrait-il pas le piétiner.
Laurent Greilsamer
ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 15.03.05
 
José Carlos Abrantes | 8:11 da manhã |


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